Japan Expo 2011 : le dimanche

L’excitation supplanta la fatigue. Et même si l’on entrevit de la tristesse poindre avec la fin du salon, ce ne fut pas une raison suffisante pour ne pas en profiter et ne pas s’amuser jusqu'au bout. Ce dimanche de Japan Expo fut donc placé sous le signe des conférences car, ayant raté celle du vendredi consacrée à l’œuvre de Tezuka, je ne pouvais me permettre d’en omettre davantage.

 

Comme la veille, j’arrivai sur les lieux aux alentours de 9H00, pour deux raisons à savoir (i) profiter de toute la journée, (ii) éviter les déconvenues du RER en disposant d’une place confortable. Il était improbable de ne pas en faire de même en ce jour ultime.

Un tour de reconnaissance

Tout d’abord, un nouveau petit tour des stands s'imposa pour préparer d'éventuelles emplettes de fin de journée. Au détour des allées, je retrouvai quelques connaissances… bref une entrée en la matière classique.

Tout proche de l’entrée, une colonne immanquable indiquait l'espace du site japonais Nico Nico Douga.

À sa suite, mes yeux furent attirés par diverses vitrines du stand Tsume et ses figurines.

Décidément, mon rythme était bel et bien saccadé et mes pas s'arrêtèrent de nouveau sur l'espace Judge.

Puis, je fus absorbé par ce tableau.

Évidemment, je ne pouvais pas ne pas m'arrêter sur l'hommage fait à Satoshi Kon, qui nous a quitté l'année passée.

Profitant du relatif dépeuplement matinal des étals, je m’arrêtai chez Panini Manga afin de profiter de leurs exclusivités disponibles avec plus d’un mois d’avance. Avec des titres comme Planètes Vol. 2 ou encore Happy Vol. 8 qui s'affichaient fièrement pour faire partie de votre panier d’achats.

Japan Expo, c'est surtout des rencontres meetic mythiques !

Après avoir serré quelques louches dont celle de Back, un membre de ma team de shooting games (øS.team), je rencontrai quelques personnes qui manquaient à mon tableau de chasse dont l’inimitable Ken Bogard – commentateur phare de Versus Fighting surtout spécialisé dans Street Fighter IV (toute version confondue) et aussi dans Street Fighter IIX et avec qui je partage une passion commune pour Itadaki Street (par ailleurs si vous avez deux minutes, allez jeter un coup d’œil à ce que je fais dans le domaine du jeu vidéo et notamment donc sur la version spéciale d’Itadaki Street Special [PS2]. En vous remerciant, bonsoir !). La discussion fut brève, le temps de parler de l’événement X-mania Europe qui venait de se dérouler, le premier tournoi européen sur Street Fighter IIX.

Puis, j'eus l’occasion de prendre une petite photo du Joueur du Grenier qui signait des autographes à la pelle suite au succès de ses vidéos et à son nombre hallucinant de fans. Inutile de présenter le gaillard tant sa réputation n’est plus à faire et mieux qu’un speech de ses activités je vous propose une de ses (ndsseb22: excellentes) vidéos en rapport avec le monde de la japanimation.

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A noter que le Pix’n Love n°16 comporte un DVD spécial offrant une émission Retro Game Test centrée sur la saga Makaimura (Ghosts 'n Goblins) et une vidéo du Joueur du Grenier.

Trêve d’égarement, la pendule de l’entrée indiquant 11H00, je me décidai à me rendre à la première conférence du jour : celle de Yasuhiro Nightow invité par Dybex. Il s'agit de l’auteur du manga Trigun et co-scénariste de son adaptation en animé, il a aussi participé au film sorti en 2010 Trigun Badlands Rumble. Il est aussi character designer et scénariste du sur-vitaminé jeu Gungrave sorti sur PS2.

Articulée en deux volets, son intervention débuta par une série de questions-réponses puis s'acheva sur un dessin réalisé sous les yeux du public. Cette conférence sera détaillée dans un article à part.

Suivant immédiatement la conférence de Yasuhiro Nightow, nous eûmes droit à celle avec Yumiko Igarashi, la princesse du shôjo comme certains se plaisent à la surnommer. Je vous parle bien sûr de la dessinatrice de Candy Candy ou Georgie. Avec cette talentueuse artiste au dessin et Kyoko Mizuki au scénario, Candy rencontra un succès immédiat,  source d’inspiration pour beaucoup avec ses personnages aux grands yeux remplis d'étoiles. Les péripéties et les espiègleries de Candy furent aussi l'avant-garde de l’ère des dessins animés japonais dans nos postes de télévision, à la fin des années 70. Cette conférence sera également détaillée dans un article à part.

A ma montre, il était 14H30, je me dirigeai donc vers le stand Nowatch et y fis la rencontre de Philippe Guedj aka John Plissken, journaliste freelance dont j’apprécie les articles au ton incisif, cinglant et adorateur du cinéma de genre. Il n’a pas la langue dans sa poche… qu’on l'aime ou que ne l’aime pas, il ne laisse pas indifférent. Il participe à différents podcasts dont le regretté Tonight On Mars qui était dédié aux sorties DVD avec l’intarissable Dr No. Il officie par ailleurs dans les SCUDS avec Jerome Keinborg et Damouk où ces trois joyeux drilles débattent de sujets que l’on classerait dans la catégorie geek aujourd’hui. À quand une reconnaissance de la génération Y plutôt que de labéliser tout le monde tel du bétail du salon de l’agriculture. Enfin, les générations auront toujours du mal à se comprendre et s’accepter entre elles…

Au gré de mes allers-retours dans les longues travées, je fis la connaissance du responsable du Gainax.fr, le premier site francophone dédiée au Studio Gainax, considéré par certains comme un monument de la japanimation et par d’autres comme un simple Arsène Lupin de l'animation – empruntant les bonnes idées à d'autres pour les parodier en surfant sur la hype.

Quoi qu’il en soit, on ne peut que constater le nombre de titres phares de ce studio (Nadia et le secret de l’eau bleue, Gunbuster, Evangelion, Mahoromatic, Gurren Laggan), et dans l’attente de Dantalian actuellement en cours de diffusion au Japon. Le magazine, aux allures de livre et proposé par ce site, permet de fêter les 25 ans de ce studio. Sachez d'ailleurs qu’il est en cours de réédition et que, selon son concepteur, il ne va pas tarder à émerger. Je vous en reparlerai sans hésitation dès qu’il entrera en ma possession. Car la passion déployée par l'auteur dans ses pages, son amour pour le studio et le travail que cela a dû lui demander sont impressionnants et imposent le respect. Je pense que comme tout passionné, il ne compte pas en heures de travail mais en heures qui le séparent de la concrétisation de son projet.

Soldes d'été, Soldes divers…

Approchant de son terme, la fermeture étant fixée à 19H, j’entamais un dernier tour des allées en guise de salut au salon, mais aussi et surtout parce que le dimanche reste le meilleur moment pour les emplettes puisque les stands boutiques consentent d'importantes ristournes pour éviter de remporter trop de stock !

J'entrepris donc un vidage de compte en banque en bonne et due forme par l'entremise de mon plaisir coupable : les coffrets DVD de japanimation. Pour remplir ma mission, j’établis un plan d’exécution par un tour de reconnaissance des différents éditeurs. Quels produits convoités pourraient le mieux étoffer mon sac ? Une fois cette enquête minutieuse et conduite avec brio même si j’étais seul et que ne disposais pas de mon imperméable fétiche, c’est passablement alourdi que je repris mon Japan Expo Boutiques Achats Tour.

Les boutiques de goodies, posters, peluches et figurines en tout genre s'offraient à mes yeux, véritables Sodome et Gomorrhe de l'otaku, mais je sus me montrer fort et résister à l’appel de la consommation. Ma carte de crédit sauve, me remercia. Oui, si certains d'entre vous l'ignorent encore, je vous rappelle que désormais nombre de stands acceptent la carte bancaire. Une rumeur voudrait d'ailleurs que les très nombreux tpe Wi-Fi auraient affecté les communications des téléphones mobiles… à mon avis, les structures métalliques du Parc des Expositions avaient sans doute aussi un rôle à jouer.

In the End…

Et voilà, les dix-neuf heures vinrent d'un coup, sonnant par-là même le terme de ce salon dédié à la culture otaku (oui je catégorise). Et j’avoue que c’est toujours un moment un peu triste. Le flot humain se dirigeant tranquillement vers la sortie. Les stands retirant leurs décorations et laissant apparaître aux yeux de tous les armatures métalliques qui les composent. Quelques visiteurs parmi les plus opiniâtres hantaient encore les lieux tentant de dénicher la bonne affaire. Mais la vérité est limpide : la dernière page de cette aventure venait d'être tournée, il était grand temps de refermer le livre de Japan Expo pour cette édition 2011. Enfin pour les visiteurs… car si eux quittaient les lieux tranquillement ; pour d'autres, rien n’est terminé : les exposants eux avaient obligation de ranger au plus vite, désinstaller leurs stands. Il ne devait rester aucune trace de Japan Expo 12e impact.

Et côté sortie des artistes du public, comment cela se déroulait-il ? Bien que calme, la foule s'était rendue vers le quai du RER. Et là, ce fut le dernier moment de folie. Aussi les plus avisés préférèrent attendre le passage de plusieurs trains avant d'embarquer pour rentrer chez eux, ultime moyen de prolonger un petit peu plus la fête. Heureusement que le beau temps avait répondu sans faille, avec un soleil au sourire éclatant façon Ultrabrite mais sans excès.

Je sens que ce soir, je vais conclure

Voici le moment pour moi d’en finir avec ce “petit” compte-rendu de mes trois jours passés à Japan Expo cuvée 2011. Tout d’abord, signalons que je n’avais pas remis les pieds à Japan Expo depuis la dernière édition ayant eu lieu au CNIT (Centre des Nouvelles Industries et Technologies, La Défense), je vous parle bel et bien du 6e impact de 2004.

Première constatation, le Parc des Expositions Paris Nord propose un espace à la hauteur de l’événement. Une surface suffisante, permettant d’avoir des stands imposants voire impressionnants et des allées navigables. Quoi qu’en disent certains, si ce n’est aux abords de l’espace jeux vidéo aux heures de pointe, nous pouvions circuler aisément.

Par contre, je dois admettre que dès que vous vouliez essayer certaines activités ou participer à des séances de dédicaces, il fallait vous armer d’une patience digne d’un moine tibétain pour affronter le salon. De plus, nul doute que les files d’attente étaient nombreuses pour entrer dans le salon ou assister au cosplay (NdS : néanmoins, concernant l'entrée des visiteurs, les files ont très vite décongestionné dans la matinée, on est loin des permers Japex à Villepinte où les visiteurs attendirent parfois 1/2 journée pour entrer). Je n’ai pu que les entrevoir mais je me doute que cela était à l’image des RER B bondés transportant la masse de visiteurs, parfois déjà parés des mille et unes couleurs de leurs tenues spéciales Japex. En cela, l’époque du CNIT est toujours présente.

D’autre part, beaucoup de visiteurs tiquent quand on mentionne le prix du billet d'entrée. Alors c’est vrai : Japan Expo, c’est assez cher ! Surtout si vous ajouter le prix des transports et si vous vous sustentez sur place (mais j’ai déjà dit que cela était à proscrire ! ^^ Vous apprendrez d'ailleurs dans le le podcast pourquoi de tels prix sont appliqués.). Toutefois, songez aux activités innombrables disponibles, les concerts, les cosplays, les initiations diverses et variées, les invités… Bref, je ne saurais en faire une énumération exhaustive et il est certain que vous ne pourrez tout faire. Il faut faire des choix judicieux, privilégier certains événements, en exclure d’autres dans la douleur et les larmes. Face à un événement de cette taille, une bonne préparation est de mise. Et même sur quatre jours, cela ne suffit pas et on voudrait que cela ne se finisse jamais tant on prend goût à l’immersion totale dans la culture otaku que nous propose les organisateurs. Et c’est vrai que si l’événement pouvait durer une semaine (NdS : on aborde ce sujet dans le podcast), ce serait plus appréciable pour les visiteurs que pour les exposants, qui y laisseraient sans doute quelques plumes !

La scène centrale est vraiment très appréciable, surtout comparée à l’amphithéâtre du CNIT qui était bien trop petit. Le cosplay peut s'y épanouir dans toute sa splendeur devant nos petites mirettes éblouies.

Cependant, je tiens à mentionner quelques petits reproches. Je trouve toujours aussi triste que l’entrée soit axée sur les boutiques. Je sais que cela fait partie du jeu, si les exposants n’y faisaient pas leur beurre pourquoi se déplaceraient-ils… mais je trouve que cela dénote avec l’ambiance et l’esprit. Ce sont avant tout des passionnés qui inondent les lieux, pas des portes-feuilles ambulants. Certes, pour modérer mon propos, j'admets qu’on nous chouchoute avec plein de petits cadeaux et des offres en tous genres aptes à stimuler notre fibre d’achateurs compulsifs. C'est qu'ils savent nous faire baver, ces professionnels ! Et on craque, accumulant les sacs de toutes sortes. Ce n’est que le soir, une fois à tête reposée, que l’on constate, le regard coupable, l’ampleur des dégâts. Japan expo s'avère définitivement un salon commercial, mais dans lequel vous pourrez faire des affaires et dénicher des pièces rares, à prix d’or parfois. Ce n’est pas aussi intimiste que l’Epitanime, tout y est plus grand, tout y est plus cher.

D’autre part, la surface jeu vidéo accapare le salon et pourtant j’en suis féru. Mais j’ai vraiment l’impression que, les années passant, le vidéo-ludisme phagocyte l’événement. D’un certain côté, j’en suis ravi car même si le cœur de cible du salon demeure les adolescents, on retrouve les licences animées du moment (One piece, Gundam…) mais aussi de plus anciennes (Dragon Ball Z, Saint Seiya). Vous me direz, ils savent surtout mettre en avant ce qui fait fonctionner la cash machine. Cependant, je ne pourrai entièrement être en phase avec cette allégation, surtout quand on a comme invité le compositeur Akira Yamaoka. Qui connait vraiment son apport dans le jeu vidéo ? Qui à part les puristes reliera son travail à la somptueuse bande sonore du titre horrifique Silent Hill 2 entre autres ? Selon moi, malgré les apparences, les organisateurs essaient de satisfaire le plus grand nombre.

Mais restons sur le thème des invités : Yumiko Igarashi, Yasuhiro Nightow, Nobuteru Yûki… Si cela n’est pas dans l’objectif de titiller notre corde nostalgique, j’ouvre un stand de crêpes demain. ;) Et d’ailleurs, j'en profite pour placer un coup de gueule : ces conférences ne se sont pas tenues dans un espace digne des invités. Les emplacements étaient noyés dans un bruit ambiant insupportable et des conditions pour les invités pas toujours des plus séduisantes. Mais le pire reste le peu de gens intéressés par ces conférences ! Si vous vouliez être tranquille, c’était l’endroit à connaître du salon. Pour moi, passionné de la première heure, un crève-cœur et je ne parlerai pas de l’hommage à Osamu Dezaki (qui fera là-encore l’objet d’un article à part). Beaucoup s’opposent avec véhémence aux aspects consuméristes du salon mais ce sont les premiers à acheter et ne pas venir aux conférences. Alors qui blâmer ? Les organisateurs qui essaient de s’adresser à tous ? Ou un public qui se plaint sans cesse mais encourage ce qu’il décrie ? C’est comme avec la télé-réalité dont la France entière clame la nullité et la vulgarité et suit tout ce qu’il s’y passe ! Je la joue provocateur et démagogue sciemment pour souligner que l’on subit que trop souvent le goût des masses.

Merci Patron !

Au final, je m’y suis beaucoup amusé et les rencontres furent pléthoriques et très enrichissantes. Je terminerai par quelques remerciements. Tout d’abord à mon accompagnateur et guide touristique spécial Japan Expo, le bien nommé Allpo, ainsi que toute l’équipe Yatta et celle de Bakast. Ces personnes ont rendu d’autant plus agréable mon séjour parisien. Et puis, enfin et surtout Mangavore et tout particulièrement à Sebkun sans qui vous n’auriez pas la malchance de lire mes articles et textes interminables ! Oui, c’est lui le fautif, alors merci ;)

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