Dragon Ball Kai, Goku back 4 good ?

À l'occasion des 20 ans de Dragonball Z, le studio Toei Animation redonne un second (énième) souffle à sa série phare, championne toutes catégories des come-backs incessants. Dragon Ball Z Kai se veut la version HD remasterisée et condensée de l'anime culte créé par Akira Toriyama. Alors ? Faut-il regarder DBZ Kai ? Faut-il jeter votre Box DVD intégral 117 épisodes fraichement achetée ?

 

Etymologie et justification

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Au commencement, le Dieu Toriyama fit Dragon Ball. Le public rit et il sut que c'était bon. Puis, l'archange marketing vint et dit « Que DBZ soit, et DBZ fut ! ». Dans Dragon Ball Z (ドラゴンボール Z en japonais), le “Z” (prononcez «Zet-to») fait référence à la lettre de l'alphabet et au chiffre 2 indiquant une suite. Ici, le Kai (改) indique le renouveau, la mise à jour... bref, la modification. Vous voilà prévenu, DBK ne sera pas juste une version HD de DBZ mais une version 1.5, enfin 2.5 !

À ce moment, il faut donc signaler le non-sens que représente donc le "coup marketing” qui consiste à appeler à l'international cette série Dragon Ball Z Kai (qui revient à dire Dragon Ball 2… 2 !) quand au Japon elle se nommait juste Dragon Ball Kai (ce qui a un sens)… mais passons !

Côté production, le but avoué s'avère également de réduire le nombre d'épisodes titanesques de DBZ (291) à un total plus raisonnable (100 ?), histoire de conquérir un nouveau public qui ne connait pas nécessairement les aventures de Goku et dispose de nombreuses alternatives… maison (One Piece, Saint Seiya Omega) ou pire, produites par la concurrence (Naruto Shippuden, Bleach…) !!

Pour y arriver, une seule solution : aller droit au but ! Plus de temps à perdre sur les détails inutiles du quotidien : exit les aventures de Gohan avec le tigre à dents de sabre dans les premiers épisodes. On rentre directement dans l'action, on se rapproche de l'œuvre originale. Concrètement, cela annonce la mort des épisodes filler (de l'anglais remplissage) où Krilin et Gohan sauvent des enfants sur une planète-vaisseau durant le trajet vers Namek. Et là, on dit merci Toei Animation !

Depuis la première rédaction de ce dossier, la série a été intégralement diffusée et compte 98 épisodes. Elle s'arrête à la fin de la saga des Cyborgs (après le combat face à Cell). Toute la saga de Buu, qui se déroule une fois Son Gohan devenu étudiant n'est pas reprise ici.

HD ready... and you ?

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Puisque la série fête son vingtième anniversaire de diffusion télévisée, signaler qu'elle est techniquement dépassée revient à enfoncer une porte ouverte. À l'heure de la TNT HD et des écrans plats immenses, les plus jeunes sont en passe de remplacer un Son Goku vieillissant et pixélisé par Naruto plus en phase avec son public et à la pointe de la technique (oui, enfin façon de parler). D'où l'utilité pour le studio de surfer sur la vague des revival et autres remake des temps modernes, son escarcelle étant plutôt vide côté “nouvelles séries qui cartonnent” !

Mais ne crachons pas dans la soupe, le travail de restauration, parfaitement exécuté, a produit des images qui parlent d'elles-mêmes. Les couleurs sont plus contrastées, les décors revivent et pour un peu, on oublierait l'âge de la série tant le travail est exemplaire de ce côté.

Une fausse note

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De même, côté son les techniciens ont fait des merveilles pour dynamiser une bande-son mono et lui donner un aspect moderne. Les producteurs sont même aller chercher les doubleurs d'origine pour les scènes refaites (à part bien sûr celui de Tenshin Han qui est décédé depuis…). D'aucuns leurs reprocheront un certain manque de conviction dans ces passages mais le temps a fait son ouvrage et on comprendra aisément que ces gens n'aient plus la verve d'il y a vingt ans (quand ils avaient probablement cet âge justement). En revanche, difficile de pardonner le massacre perpétré sur la bande musicale.

Réalisée à l'époque par le talentueux Shunsuke Kikuchi, également réalisateur des musiques de Albator 84 ou Goldorak, les musiques de Dragon Ball Z participaient pleinement à instaurer l'ambiance ad hoc à chaque scène. DBZ Kai propose un florilège de musiques insipides et impersonnelles qui sonnent comme des annonces standard. Concrêtement, les musiques composées de Kenji Yamamoto collent aux scènes... mais aucune subtilité ne subsiste : là où une musique s'avérait mystérieusement angoissante, sa remplaçante semble tonner «attention, ici toi avoir peur».

Si vous avez vu la série sur Game One, vous aurez peut-être remarqué que les BGM d'origine avaient repris leur place… en effet, en mars 2011, Toei Animation a décidé de supprimer toutes les musiques composées par Kenji Yamamoto et de remettre les anciennes, le compositeur étant accusé de plagiat. Dans un communiqué laconique, le studio indiqua que le plagiat semblait avéré et que les musiques étaient donc supprimées… Pas plus de détail de ce côté.

Star Académie

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Mais le désastre ne s'arrête pas là. En effet, la nouvelle mouture s'accompagne de deux thèmes d'ouverture et fermeture dont les clips sont assez réussi. Les chansons, elles, sont loin de valoir celles de Hironobu Kageyama, chanteur attitré de DBZ qui a signé les mythiques Cha-la Head CHa-la et We Gotta Power et dont même Fight it Out, la chanson du jeu DBZ Burst Limit s'avère nettement meilleure et dans l'esprit de la série. Sans être spécialement mauvaises, les chansons de DBK comme Dragon Soul n'ont juste aucune personnalité et s'oublient aussitôt l'écoute passée.

On touche cependant là à un souci qui touche plus généralement l'animation japonaise ces derniers temps. Se reposant en permanence sur des Tie-up – ce procédé qui consiste à appuyer une série par un artiste populaire – les génériques deviennent de vrais paris marketing… car la chanson n'est souvent plus vraiment en rapport avec la série qu'elle illustre.

Cachez ce sexe que je ne saurais voir

Le dernier point contestable de DBZ Kai fait couler beaucoup d'e-encre sur le net : la censure ! Est-ce une stratégie pour conquérir le marché américain ? Ou bien une demande expresse de Funimation justement ? Les associations de parents (très puissantes au Japon) effrayent-elles la Toei ? Personne ne le sait.

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Ce qui s'avère certain en revanche, c'est qu'à la manière de Steven Spielberg qui remplace les armes à feu par des talkie-walkies dans E.T., les producteurs ont adouci DBZ Kai. Exit la zigounette de Goku bébé lorsqu'on le voit pour la première fois, un replis du capiton sur lequel il repose protège nos chastes yeux. De même, le makankosappo de Piccolo transperce-t-il de part en part Goku et Raditz que ces derniers ne perdent pourtant plus la moindre goutte de sang… tout au plus sont-ils brunis sur la zone en question !

Final bout

Après quatre épisodes de diffusion, le bilan est assez mitigé. Les fans attendaient DBZ Kai comme le messie, s'imaginant avec délice profiter d'une version exempte de tout défaut de leur série préférée. Au final, le graal espéré s'avère une simple coupe, et pour ces mêmes fans elle est justement amère (la coupe !). Entre les musiques ratées et la censure inexpliquées, les puristes auront tôt fait de ressortir leurs VHS malgré le travail de restauration excellent. Pour les autres, malgré ses défauts BDZ Kai demeure une occasion idéale de faire plus ample connaissance avec une œuvre majeure du patrimoine de l'animation japonaise... en attendant de devenir vraiment fans grâce au manga dont l'édition Perfect éditée chez Glénat reste certainement le plus bel ambassadeur !

DBKai 6

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Dossier rédigé lors du début de la diffusion de DB Kai au Japon et repris en août 2012 à l'occasion de la sortie à venir de la série en DVD chez AB Vidéo.

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