Conférence de presse avec Kosuke Fujishima

Alors que la veille avait lieu une conférence de presse publique avec l'auteur de Ah! My Goddess, Samedi les journaliste profitaient d'un rendez-vous plus intimiste avec le prestigieux mangaka. Entouré d'une quinzaine de reporters (dont votre serviteur), M. Fujishima a accepté de répondre à quelques questions. Cependant, les problèmes d'organisation ont fait que ce rendez-vous a commencé en retard et surtout, nous nous trouvions dans une salle juste au dessus du "parc" où étaient "entreposés les cosplayers en attendant leur tour... Résultat, un bruit de fond perpétuel fatiguant qui nous a compliqué la tâche... Je plains ceux qui avaient un dictaphone finalement !

Pour ma part, muni de papier, d'un stylo, d'une main supersonique et d'une bonne dose de patience, je vous ai préparé une retranscription de cette conférence... Enjoy !

Que pensez-vous du manga en France ?

K.F. : Je ne pensais vraiment pas qu'un événement comme Cartoonist puisse avoir lieu en France et réunir autant de monde autour du manga. J'ai été invité en France pour rencontrer des fans, c'est donc l'occasion de découvrir l'ampleur du phénomène.

Avez-vous une idée du succès de vos oeuvres en France ?

K.F. : J'ai croisé beaucoup de cosplayers depuis mon arrivée, et il n'y a pas beaucoup de costumes inspirés de mes mangas. J'ai donc du mal à me rendre compte.

Face à la somme et au rythme de travail demandé à un mangaka, comment arrive-t-on à se renouveler dans ses mangas ?

K.F. : On réfléchit en travaillant, en dessinnant, en prenant son bain, ...

Vous arrive-t-il d'avoir des "passages à vide" et d'avoir du mal à trouver des idées ? Dans ce cas, demandez-vous de l'aide à vos assistants ?

K.F. : Il m'est déjà arrivé d'avoir du mal à trouver des idées mais je n'ai jamais demandé d'aide à mes assitants !

Comment répartissez-vous le travail avec vos assistants ?

K.F. : Cela change tout le temps. Cela dépend principalement de leur disponibilité.

Certains assistants ont-il déjà entamé une carrière solo ?

K.F. : Oui, un. Mais je ne me souviens pas de son pseudonyme de mangaka.

Comment s'est déroulé le travail sur votre premier D.A. ?

K.F. : Sur le "tournage" des OAVs de Ah! My Goddess, j'ai rencontré une doubleuse qui adorait le piano, après avoir discuté avec elle c'est ainsi qu'est né le projet.

Vous arrive-t-il d'évoquer vos passions dans vos mangas ?

K.F. : Oui, c'est comme ça depuis le début.

Comment ressentez-vous l'impact du public, japonais ou non, vis-à-vis de vos œuvres ?

K.F. : La façon la plus simple que j'ai de ressentir ce phénomène c'est quand mes mangas sont en rupture de stocks. (rires)

Dans vos mangas, il y a toujours des personnages très "kawaii". D'où vient cette influence ?

K.F. : Depuis très longtemps, je lis des mangas avec des personnages "kawaii". Encore maintenant, ce qui attire principalement mon attention dans un dessin, ce sont les presonnages "kawaii". C'est probablement ce qui influence mon travail.

Quand, à force de travailler, on n'a plus d'idées, comment fait-on ?

K.F. : Dans c'est moments, c'est vraiment très dur. Je prie les "Dieux des mangas" de m'envoyer une idée et quand ça marche et qu'une idée arrive, c'est un moment de pur bonheur.

Le dieu du manga "Tezuka" ?

K.F. : (rires) Pas seulement.

Avez-vous vu les versions françaises de vos mangas ? Qu'en pensez-vous ?

K.F. : J'ai consulté l'édition française de mes oeuvres. Actuellement, mes mangas sont édités en sens européen, de gauche à droite. J'aimerais beaucoup que cela change rapidement pour qu'ils soient édités en sens japonais.

Lisez-vous d'autres mangas que les vôtres ?

K.F. : J'aime beaucoup les mangas de Masato Soda en ce moment. Sinon, je lis beaucoup d'oeuvres de Leiji Matsumoto, il est la raison pour laquelle j'ai voulu devenir mangaka.

[NdS: c'est ma question ! ^^] Vous êtes mangaka à succès, character designer sur des animés mais aussi character designer de Sakura Taisen, une des saga de jeux vidéos les plus célèbres au Japon. Ces divers aspects de votre travail ont-ils tous la même importance ou certains sont-ils prépondérants pour vous ?

K.F. : Lorsque je travaille sur plusieurs projets, ils ont tous la même importance et je travaille sérieusement sur tous. Mais je suis mangaka avant tout et rien ne pourrait me faire arrêter ce métier.

Que pensez-vous du public français ?

K.F. : C'est un public passionné qui n'hésite pas à dire quand il aime un manga.

Comment s'est déroulé votre travail sur Sakura Taisen ? Avez-vous déjà joué au jeu ? Si oui, quel est votre personnage préféré ?

K.F. : J'ai effectivement déjà joué à Sakura Taisen. Mon personnage favori est Erika. Je connaissais le mecha designer de la série et quand le PDG de la société a décidé de lancer le projet Sakura Taisen, il lui a demandé si Kyosuke Fujishima accepterait d'être character designer pour la série. Comme le projet m'intéressait, j'ai accepté.

Sur quels autres projets aimeriez-vous travailler ?

K.F. : Si j'avais du temps de libre, j'aimerais travailler sur beaucoup d'autres projets.

Pas de projet en particulier ?

K.F. : J'aimerais travailler sur une série du studio GAINAX mais ce n'est malheureusement pas en projet.

Sakura Taisen 3 ~ Paris Brûle-t-il ? ~ se déroule en France. Maintenant que vous y êtes, voyez-vous des choses qui changent pour vous ?

K.F. : Je ne m'occupe que du character design dans la série. Je n'ai pas mon mot à dire concernant l'architecture.

Pourtant, dans un cabaret, les danseuses sont affublées de costumes étranges.

K.F. : Je n'ai pas la responsabilité des costumes, il est donc très difficile de dire "j'aimerais que ce soit comme ceci plutôt que comme cela." J'ai de réelles contraintes. Par exemple, il y a un personnage qui porte une tenue de religieuse rouge. Etant donné que cela n'existe pas, je ne voulais pas le faire mais la maison d'édition a insisté.

En France, Ah! My Goddess et You're Under Arrest marchent bien. Après cette visite, quels autres titres envisageriez-vous pour la France ?

K.F. : Je n'y ai pas réfléchi. En revanche, j'en viens à me dire que ce qui plaît au public japonais peut plaire au public français. Je vais donc continuer à travailler comme je l'ai toujours fait.

La mise en scène de vos mangas est très filmique, comptez-vous passer un jour à la mise en scène ?
Les OAVs de Ah! My Goddess ont-elles influencé le design du manga ?

K.F. : La réalisation d'un anime est quelquechose de très difficile et je ne pense pas en être capable. Maintenant, si l'occasion se présentait, pourquoi pas.
En discutant avec le réalisateur des OAVs, il a pris des éléments du manga et j'ai pris des éléments des OAVs. C'est une méthode de travail idéale.

C'est vrai que l'ensemble est très cohérent.

K.F. : Oui, le réalisateur des OAVs n'hésitait pas à me rendre visite pour voir comment je travaillais.

Avez-vous un droit de regard sur ces adaptations animes de vos œuvres ?

K.F. : Je n'aime pas entrer en conflit avec les gens et dire "Cela doit disparaître." ou "Ce n'est pas bien." mais il y a toujours eu discussion sur les points sensibles.

Pourquoi les personnages ont-ils tendance à s'arrondir dans Ah! My Goddess ?

K.F. : Bonne question ! Ca fait peut-être partie de l'évolution de mon trait.

Peut-on bientôt envisager la fin de Ah! My Goddess ?

K.F. : Huuum. Cette série va encore continuer un moment.

Merci M. Fujishima.

K.F. : Je vous en prie.


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