En dépit du mauvais temps, contre vents et marées, et je pourrais aussi citer la neige ; la ville d'Angoulême accueillait son festival international annuel du 26 au 29 janvier 2012.
Voici mes impressions sous forme d'un phylactère, non pas que j'aie coincé la bulle, mais en partie dû au fait de mon fugace passage, d'une après-midi dans ce festival.
Voyage, voyage...
Alors oui, Angoulême c'est un peu perdu dans la France (je ne dirais pas profonde, nous ne sommes pas non plus au 13H de Jean-Pierre Pernaut). Il faut bien avouer que si l'on devait la situer sur une carte, il n'y aurait peut-être pas beaucoup de vainqueur du dictionnaire des maladies vénériennes (oui, c'est le lot que l'on peut obtenir quand on participe à Question pour un champion, merci le service public de nos impôts, un peu de populisme cela ne fait point de mal). D'un point de vue géographique, cette bourgade de quelques 40 mille habitants est entourée par Cognac à l'Ouest, Limoges à l'Est ou encore Périgueux au Sud pour les plus connaisseurs. Accessible par voies ferroviaires et en voiture pour peu qu'on aime les départementales et les nationales sous la forme de voie express, la ville d'Angoulême, préfecture du département de la Charente, dans la région Poitou-Charentes, compte environ 42 000 habitants.
Game of Thrones
Et il faut le dire, c'est toute la ville qui va revêtir ses habits de fête afin d'accueillir le festival international de la BD. Et c'est réellement ce qui fait tout son charme.
Malgré la modestie de cette ville en termes démographiques, Angoulême, bâtie sur un plateau pour sa partie la plus éculée, a conservé les traces de son histoire. Le plus remarquable reste les remparts maintes fois détruits et reconstruits, aujourd'hui classés comme monument historique autour desquels les habitations et diverses constructions fleurissent.
Alors que, du haut de ces remparts surplombant les lieux, vous vous attendez à voir surgir le roi et sa cour protégés par sa garde, le seul envahisseur notoire obligeant à croiser le fer serait la BD qui de ses traits ensorceleurs a envahi le chef-lieu sans heurt.
Et pourtant, point d'esprit belliqueux n'a eu à chevaucher de monture, tant la prise du siège fut amicale.
Oyez, oyez, braves gens.
Sans joute, la cathédrale a su ouvrir ses portes à une religion où Dieux et Hommes peuvent coexister, voire même s'affronter, mais toujours en termes de traits et revêtus de leur armures illustrées d'onomatopées.
Je l'ai dit, les lieux se sont emparés des divinités, rendant les hôtes songeurs à ainsi naviguer. Oui, car long sera le chemin pour parcourir les allées mais point de pénitence ne sera céans attribuée. Et la particularité de ce festival réside dans une ville qui se met toute entière au service de l'événement.
Rien ne sera épargné, des ouvriers aux fabricants, la BD habillera tout, du va-nu-pied aux tyrans...
Hisse et ho, Santiano !
Pour les néophytes du festival, cela veut dire crapahuter de long en large dans toute la ville. En effet, certains lieux comme le théâtre seront utilisés tels quels afin d'accueillir par exemple des projections.
Mais pour la plupart, vous aurez droit à des constructions de fortune. Ainsi différents chapiteaux seront dressés, pointe au vent, dans l'objectif de recevoir éditeurs, thématiques (Europe, Taïwan, etc). Si l'on trouve plutôt classe le fait d'être reçu dans la cathédrale ou encore dans le musée de la BD ; pour les chapiteaux notamment celui des éditeurs avec entre autres, Delcourt, Casterman, Dargaud, Glénat, Soleil, Ankama... Il en est différemment... C'est l'aventure ! Prends la mer moussaillon ! (Je dois dire qu'il a plu le jour où j'y étais...)
Pourquoi ? Tout simplement, parce ce que ce type de constructions de fortune imposent des contraintes réelles de sécurité. Outre les habituels vigiles (Salut, SECU !) s'occupant des entrées avec plus moins de fluidité tant les files d'attente sont légion, les pompiers ont eux aussi fort à faire. Ces infrastructures demandent toute la vigilance des professionnels, tant une indigestion de visiteurs serait nuisible. Toute constipation, autrement dit plus d'entrées que de sorties, est proscrite. Et concrètement, cela va signifier pour vous attendre et affronter la marée humaine.
Emporté par la foule !
En dépit des conditions climatiques en demi-teinte (en plus du froid nous avions droit à une symbiose avec les ondées), les chiffres de fréquentation ont battu des records et ce n'est pas moins de 215 000 visiteurs qui auraient arpenté les rues de la ville en 2012. Bonne nouvelle pour cette culture populaire (à peine péjorative comme expression) du divertissement qui s'en sort tout de même mieux en termes de reconnaissance et de notoriété que les jeux vidéo...
On aime baigner dans les bulles, c'est Monsavon qui s'en réjouit ! Et ma peau n'en est que plus douce...
Le Manga : "Le mal aimé, je suis le mal aimé [...]"
Avant de conclure (oui je fais court cette fois-ci) tel le Jean-Claude Dusse du reporting, je m'en vais (vous êtes contents, pas vrai ?) vous conter une petite chose que j'ai notée. Un espace était réservé et explicitement intitulé : Espace Mangasie & Comics. Vous notez très certainement que les comics apparaissent en deuxième. Logiquement, cela conduit à imaginer qu'il y aura soit un espace manga plus grand soit deux espaces de même grandeur. Les faits sont éloignés des mots. Dès l'entrée vous êtes pris à la gorge par des stands clairement dédiés aux comics et ce n'est qu'un peu plus loin que vous voyez enfin quelque chose qui vous rappelle qu'il y a du manga : l'invité d'Akama, Atsushi Kaneko, le dessinateur de Soil et de Bambi, le stand Kurokawa et une scène accueillant des quizz et des jeux d'hiver divers... Vous vous demandez peut-être : mais et Glénat alors ? C'est simple, sur leur stand (comprenez dans l'espace éditeur avec Dargaud, Casterman...) dans un coin ils avaient mis leurs gros titres en avant : One Pièce, Dragon Ball Perfect Édition, Berserk...
Vous comprendrez aisément qu'avec ces manières de faire, on voit que certains ne sont pas les bienvenus. La BD ferait-elle une indigestion de manga ?
Le mot de la fin
Je dois dire que ce festival possède un charme sans pareil. Plus intimiste avec le cadre sympathique et détonnant d'une ville qui rend les armes le temps de quelques heures aux BD sans rougir d'en devenir son serviteur le plus dévoué. Immergeant, enivrant, on se perd volontiers dans les rues de la ville avec cette impression de liberté. En comparaison à des salons comme Paris Manga ou encore Japan Expo, vous ne vous sentez aucunement cloisonné, vous êtes libre de pouvoir sortir comme bon vous semble pour vous restaurer sans prendre un coup de massue au niveau des tarifs. Qui a dit que c'était un vol à main armée ? Loin du braquage, donc, et de la chaleur, c'est assez vivifiant de traverser les rues et le changement est très appréciable par contre si vous n'aimez guère marcher et affronter dame nature, passez votre chemin. Je résumerai en écrivant que ce festival est une bulle d'air qui n'en manque pas.