Le 28e Festival International de la Bande Dessinée consacrait le Japon, patrie du manga avec un espace dédié et des évènements particuliers comme la venue d'auteurs Nippons. Un des évènements de ce "mini comicket" était la possibilité, via un forum, de s'adresser à nos idoles (en l'occurrence Yuu Watase, Masakazu Katsura et Tsutomu Nihei) afin de leur poser toutes les questions qui nous passaient par l'esprit !!
ATTENTION !! CECI N'EST QU'UNE RETRANSCRIPTION DES PROPOS QUI SE SONT ÉCHANGÉS LORS DU FORUM À PARTIR DES NOTES QUE J'AI PU PRENDRE, IL SE PEUT QUE QUELQUES ERREURS D'INTERPRÉTATION OU QUELQUES INEXACTITUDES SE SOIENT MALENCONTREUSEMENT GLISSÉES DANS CE DOSSIER.
Les invités
- Tomoko Yamada, "chercheur en mangas", a réalisé l'étude sur le shojo manga qu'on pouvait admirer à Angoulême !
- Yuu Watase, mangaka. Auteur de Fushigi Yugi et Ayashi no Ceres parus en France chez Tonkam.
- Sanosuke Natsume, mangaka mais aussi et surtout critique de manga, a réalisé l'étude sur le manga que l'on pouvait admirer à Angoulême qui est la même que celle exposée à la Maison de la Culture du Japon.
- Tsutomu Nihei, mangaka. Auteur de Blame.
- Masakazu Katsura, mangaka. Auteur de VGA, Wingman et I's entre autres.
- Yves Schlirf, responsable de Kana chez Dargaud
Le forum
L'ambiance était plutôt bonne, le public nombreux et lorsque les mangakas sont arrivés ils ont eu droit à un accueil chaleureux. Accueil qui a entre autre étonné Katsura puisque, comme il l'expliquait, au Japon, le public est loin d'être aussi expressif. Cette remarque est vraiment surprenante, surtout quand on se souvient des supporters Japonais lors de la coupe du monde !! Côté insolite, on a vu Nihei prendre des photos du public en train de prendre les mangakas en photos !
Les questions
La première question est une question de Monsieur Schlirf tandis que les suivantes viennent du public.
Pourriez-vous envisager de travailler avec des scénaristes ou des dessinateurs européens ou américains ?
T.N. : Oui, avec Bilal !
M.K. : Je suis mauvais en langues vivantes et je n'y avais jamais réfléchis mais pourquoi pas. Si on me propose un projet de cette nature et que j'ai le soutien du public, ce serait envisageable.
Y.W. : Moi non plus je ne suis pas très douée pour les langues étrangères, mais cela pourrait être une expérience intéressante. Néanmoins, je fais du shojo, c'est un style particulier et tant que mon style plait au public...
Akira Toriyama et Tsukasa Hojo parlent souvent de leurs rapports conflictuels avec leur éditeur à cause des délais, qu'en pensez-vous ?
M.K. : Effectivement, les délais de production sont très serrés et on va plutôt à contre sens du progrès. On travaille encore à la main avec beaucoup d'assistants là ou on pourrait utiliser l'ordinateur et aller bien plus vite !
Monsieur Katsura, sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Actuellement je ne travaille sur aucun projet !
Mademoiselle Watase, Nous sommes nombreux à penser que Fushigi Yugi aurait du s'arrêter au volume 13. Pourquoi avoir continué ?
Au départ, j'avais prévu de finir la série au volume 13. Cependant, à cause de son succès, on m'a demandé de rallonger le manga mais vous pouvez considérer que le manga s'arrête au volume 13 et que la suite est une histoire différente !
Monsieur Katsura, quel est le personnage que vous préférez parmi tous ceux que vous avez créés ?
Zetman.
Mademoiselle Watase, Monsieur Katsura, êtes-vous satisfaits de la manière dont vos œuvres ont été adaptées en série ?
Y.W. : Je considère mon manga et son adaptation comme 2 œuvres totalement différentes. Néanmoins, je trouve intéressant de retrouver mes personnages ou mes idées dans ces séries.
M.K. : Quelque part, je suis plutôt insatisfait, je préfère que vous consultiez l'œuvre originale !!
Monsieur Katsura, Pourquoi avoir travaillé sur Iria ?
Le réalisateur était mon sempai aussi comme nous nous entendions bien, lorsqu'il m'a demandé, j'ai accepté !
À quel âge avez-vous commencé à dessiner des mangas et à quel âge avez-vous commencé à être publié ?
M.K. : J'ai commencé à dessiner des mangas en primaire et j'étais publié dans le journal de l'école !
T.N. : Je ne me souviens plus de ce que je faisais à l'école mais je dessine des mangas depuis l'âge de 20 ans et suis publié depuis l'âge de 25 ans.
Y.W. ; Je "gribouille" depuis que j'ai 2-3 ans, je dessines des mangas depuis mes 5-6 ans et je suis publiée depuis que j'ai 18 ans !
Un français peut-il devenir mangaka au Japon ?
Melle Yalauchi, éditrice de Yuu Watase : C'est tout à fait possible, nous avons déjà des mangakas chinois et coréen. Alors, pourquoi pas des mangakas français, il faut simplement parler japonais couramment !
Pensez-vous que la traduction et l'adaptation de vos œuvres dans des langues étrangères puissent entrainer une perte au niveau de sens ?
M.K. : Oui, il y a surement une perte. Il y a des ambiances que l'on ne peut traduire, particulièrement dans les affaires de cœur !
Tonkam : Pour les traductions nous cherchons du personnel qualifié et motivé. Ensuite, chez Tonkam, nous travaillons en 2 étapes :
1/ Traduction brute du texte d'origine.
2/ Adaptation du texte, c'est alors plus une affaire de sensibilité que de sémantique.
Kana : En effet, lorsque nous travaillons, nous cherchons à respecter au maximum l'esprit original même s'il peut arriver d'avoir des problèmes !
Monsieur Nihei, l'univers de Blame est particulier. Pensez-vous qu'on le retrouve dans d'autres de vos mangas ou chez d'autres mangakas ?
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de mangas comme Blame puisque j'ai essayé d'être original en l'écrivant !
Quel auteur ou œuvre aimeriez vous présenter ?
Y.W. : En ce moment, j'aime bien One Piece !
M.K. : Je ne lis pas beaucoup de mangas aussi je ne sais pas quoi répondre !
T.N. : . . .
Mademoiselle Watase fait du shojo qui plait aux garçons. Monsieur Katsura fait du shonen qui plait aux filles. Pensez-vous que dans l'avenir ce genre de constatations puissent influencer votre travail ?
Y.W. : Même si je fais du shojo, c'est surtout un moyen de classer mes œuvres car voyez-vous, j'ai grandi en regardant des dessins animés de styles très différents à la télévision. Aussi, je n'hésite pas à mettre de l'action ou de l'aventure dans mes mangas. Le principal étant que le public apprécie mon travail !
M.K. : Bien que je sois publié dans le magazine Weekly Shonen Jump au Japon, les filles font partie du public qui lit mon travail. Aussi, je ne suis pas surpris que ce soit la même situation à l'étranger. Vous savez, j'écris des histoires d'amour, cela concerne autant les filles que les garçons !
T.N. : Pour l'instant je n'ai écris qu'un seul manga. Et je l'ai écrit sans me préoccuper du sexe du lectorat. Je pense que je vais continuer dans cette voie et continuer à dessiner ce qui me plait !
Monsieur Katsura, que pensez vous de votre évolution graphique de Wingman à I's ?
Vous savez, il est dans la nature de l'être humain de s'améliorer quand il répète quelque chose. Ainsi, si parmi vous il y en a qui dessinent mais que vous n'aimez pas vos œuvres actuelles : persévérez, continuez. Et un jour, vous serez satisfait de votre travail !
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, les rythmes de productions sont très élevés. Pensez-vous que dans l'avenir, vous pourrez baisser la cadence voire vous reconvertir ?
Y.W. : Je n'y ai jamais réfléchis et à vrai dire, je veux pouvoir dessiner aussi longtemps que possible !
M.K. : C'est une question vraiment inquiétante dans la mesure où je ne sais même pas ce que je ferai dans un an !
T.N. : À vrai dire, pour l'instant je ne suis pas encore "à fond" ! Et de toutes façons, je ne suis pas du genre à faire des nuits blanches pour mes dessins !!
Concernant les traductions et adaptations pour l'étranger, avez-vous des exigences particulières ?
M.K. : Ce que je n'aime pas, dans les traductions US par exemple, c'est l'inversion de planches ! J'aimerais que le monde entier lisent les mangas dans le sens japonais !
Y.S. : Je tiens à préciser aux fans que les éditeurs japonais surveillent de près le travail que nous effectuons sur les mangas. C'est d'autant plus surprenant qu'en Europe, lorsqu'on vend les droits pour une série à un pays étranger, on ne s'en préoccupe plus ! Je tiens aussi à préciser que chez Kana, nous publions les mangas en sens japonais !
Etes-vous influencés par d'autres auteurs ou d'autres courants de la BD dans le monde ?
Y.W. : Plus qu'influencée, je dirais que je les trouves intéressants, amusants ou stimulants !
M.K. : J'aime beaucoup Batman !
Et je connais Moebius et Bilal, c'est à peu près tout ! Mais j'estime beaucoup ces gens-là et ils m'impressionnent.
T.N. : Moi aussi, j'aime beaucoup la bande dessinée et j'en lis. Malheureusement, il y a peu de traductions au Japon. Aussi, souvent je ne peux que regarder les dessins. Mais si cela me plait alors je l'achète !
Donc, voyez-vous une influence particulière au niveau de votre travail ?
Y.W. : Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai beaucoup regardé les dessins animés à la télévision quand j'étais plus jeune. Il est donc évident qu'ils m'ont influencés.
M.K. : Pareil, les dessins animés à la télévision. En dehors de cela, il est vrai que des fois, en lisant tel ou tel manga, je vais me dire "Oui, ça c'est bien ,je devrais faire ce genre de plan !" ou lorsque je vais dessiner je vais me rappeler quelque chose que j'ai vu et qui m'a plu. Néanmoins, cela reste marginal et très clairsemé. Il n'y a aucun auteur dont je m'inspire complètement. Aussi, si je devais citer un nom en particulier, je ne saurais pas.
Monsieur Katsura, Si on vous demandait de jouer Batman au cinéma, accepteriez-vous ?
Oui, évidemment !
Monsieur Katsura, comment se porte votre chien ?
Il m'attend chez moi et il me manque !